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Sonalux
27 juin 2012

La foi écoute le monde

Le monde et la planète semblent aller droit dans le mur. Face à cette situation, comment l’évangile peut-il susciter l’espérance de tous ? Sans doute pas avec une Eglise diocésaine qui se préoccupe souvent d’elle-même plutôt que de la situation des hommes et des femmes qui y vivent… Une interpellation de Maurice Cheza.

 

 

Il ne faut pas être très perspicace pour constater que la pastorale de notre diocèse arrive difficilement à sortir du nombrilisme. J’ai encore pu le constater lors d’une réunion du Conseil presbytéral à laquelle j’ai participé en tant que suppléant. On nous y a parlé des problèmes d’argent que rencontre le diocèse, sans faire mention de la précarité qui touche de plus en plus de personnes dans notre société. On était bien loin du souhait du professeur Albert Dondeyne dans son livre fameux, publié dans les années soixante, « La foi écoute le monde ».

 

Comme beaucoup d'autres citoyens, je me sens profondément interpellé par ce qui se passe aujourd'hui dans la société.

 

Les situations proches ne sont pas réjouissantes : augmentation du coût des besoins de première nécessité : logement, électricité, eau, énergie, déplacements ; situation précaire pour beaucoup d'agriculteurs ; restructurations des entreprises avec priorité donnée aux actionnaires plutôt qu'aux travailleurs ; situation des sans-emploi ; avenir sombre pour beaucoup de jeunes, etc.   

 

Dans une Belgique en voie de dislocation, la situation de la Wallonie est préoccupante. Je signale en passant le livre qui sort ces jours-ci : Wallonie, Église. Turbulences et espérances,  publié par Église-Wallonie sous la direction de Luc Maréchal. 

 

À l'échelon plus haut, l'Europe et en particulier la zone euro ne donnent pas tous les apaisements, c'est le moins que l'on puisse dire.

 

L'économie politique et la démographie au niveau mondial posent des questions vraiment inquiétantes. L'avenir de l'humanité sur la planète est gravement menacé. Le pillage des ressources naturelles ne pourra plus durer indéfiniment. Sur les 7 milliards d'humains que compte le globe terrestre, un milliard d’entre eux (dont nous sommes) pratique un gaspillage immodéré. Pendant ce temps commencent à émerger plusieurs pays qui veulent eux aussi participer aux ressources naturelles et au bien-être. On parle beaucoup des « BRIC » : Brésil, Russie, Inde, Chine, auxquels s'ajoutent maintenant l'Afrique du Sud et l'Indonésie. Que nous réserve l'avenir ? Les données chiffrées sont implacables : on va droit dans le mur. Les projections démographiques indiquent avec évidence un déplacement  des centres de gravité : les peuples jeunes ne vont-ils pas supplanter les peuples vieillissants ?

 

En quoi ces questions concernent-elles le diocèse ? La vie des femmes et des hommes n'est-elle pas le « premier lieu » de la pastorale ? Mgr Charue et Mgr Mathen étaient très sensibles à cette dimension de leur ministère : le premier avait décrété une Année sociale en 1949. En outre, il avait publié le 11 février 1967 (c'était pour lui une date symbolique : le 25e anniversaire de son ordination épiscopale) une Déclaration pastorale sur l'avenir économique des provinces de Namur et du Luxembourg (Voir le recueil des Lettres pastorales, tome IV, n° 3, p. 13-18). Au niveau interdiocésain, il y eut également une Année de la Justice en 1974. Mgr Mathen était particulièrement attentif à toutes les pauvretés. L’anecdote suivante est connue : revenant d’un voyage, Thérèse, sa sœur, demande à son frère : « Robert qu’est-ce que tu as fait de ton lit ? » Réponse : « Ben, je l’ai donné hein ! ».

 

La récente interpellation des trois instances les plus importantes de l'Église de Belgique : le CIL (Conseil interdiocésain des laïcs), l'IPB (Interdiocesaan pastoraal Beraad) et la Conférenceépiscopale de Belgique est passée presque inaperçue. Ce texte a paru dans Les Communications de mai 2012 sous le titre Construire un monde équitable et humain. Comment y donner suite ?

 

À côté des différents vicariats épiscopaux, ne faudrait-il pas créer un « vicariat de la solidarité » ? Celui-ci pourrait s’adjoindre un Bureau de sociologie, composé de femmes et d'hommes compétents, dans le but de bien connaître la physionomie humaine du diocèse et les impasses de notre société. Les instances pastorales diocésaines seraient ainsi aidées à prendre des orientations aptes à stimuler l'espérance de tous.

 

L'Évangile n'est-il pas un formidable message d'espérance ? Il est vrai que « ce trésor, nous le portons dans des vases d'argile » (2 Cor., 4, 7). Comment faire pour quela Bonnenouvelle soit annoncée aux pauvres (Luc, 4, 18-19) ?

 

À propos de l’espérance, la première épître de Pierre dit ceci : « Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect » (1 Pi., 3, 15-16).

 

Maurice Cheza.

 

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