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Sonalux

13 juillet 2015

Édito Nouveau départ ? Sonalux s’était constituée

  Édito

 

 

 

 

 

Nouveau départ ?

 

Sonalux s’était constituée il y a plus de vingt ans, suite à la nomination d’André Léonard comme évêque de Namur. Une solidarité de chrétiens de Namur et de Luxembourg pour un temps qui s’annonçait « pas facile ». Sonalux se réjouit donc de la démission de celui-ci, devenu entretemps archevêque de Malines Bruxelles, sans accéder pourtant à l’ultime honneur de se voir nommé cardinal.

 

Depuis cette démission, acceptée par le pape, les hypothèses sur la nomination du futur archevêque vont bon train. Et la désignation de Mgr Bonny comme délégué pour la deuxième session du synode sur la famille renforce la conviction de ceux qui voient en lui le successeur pour Malines-Bruxelles.

 

Le fait que Johan Bonny a pris des positions plus ouvertes vis-à-vis de la discipline envers les divorcés remariés et les homosexuels amène à penser que sa nomination ou sa non nomination seront un signe. Les grandes manœuvres semblent en effet en cours, à l’approche de la deuxième session du synode, avec d’un côté le courant conservateur et de l’autre ceux qui souhaitent plus d’ouverture pastorale. Le départ de Mgr Léonard pourrait donc signifier un nouveau départ pour l’Eglise de Belgique, mais être peut-être plus largement un indicatif pour l’évolution future de l’Eglise dans son ensemble. Rien ne permet à ce stade de prédire l’avenir.

 

Dans le diocèse de Namur, un nouveau conseil presbytéral, ainsi qu’un nouveau conseil pastoral, ont été mis en place. Deux participants au conseil presbytéral donnent leurs impressions après une année de fonctionnement. Si le climat semble serein, on pressent néanmoins que certaines tensions subsistent et que la peur du conflit est très présente. L’un des élus rappelle d’ailleurs que les traumatismes engendrés par l’épiscopat précédent sont loin d’être cicatrisés. Peut-être ce nouveau conseil inaugurera-t-il lui aussi un nouveau départ pour le diocèse ?

 

Pour Sonalux,

José Gérard

 

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13 juillet 2015

Conseil presbytéral de Namur Un nouveau conseil

Conseil presbytéral de Namur

 

Un nouveau conseil presbytéral a été mis en place dans le diocèse de Namur. Nous avons recueilli les impressions de deux de ses membres : Maurice Cheza et Jean Marchand.

 

 

J’ai été élu à l’actuel Conseil presbytéral de Namur, dans la catégorie « prêtres aînés ». Le Conseil actuel s’est réuni pour la troisième fois ce 27 mai. J’avais déjà participé à ce Conseil dans les années septante, sous les épiscopats de Mgr Charue et de Mgr Mathen. J’avoue que c’est un peu par curiosité que j’ai accepté mon élection récente. Je ne le regrette pas et c’est avec un certain plaisir que j’y participe. L’ambiance est fraternelle. J’y rencontre un certain nombre de mes anciens étudiants du Séminaire de Namur.

 

Parmi les participants, siègent les membres du Conseil épiscopal. Les deux évêques sont toujours présents. Par contre, les vicaires épiscopaux ne sont pas tous très assidus, ce qui est dommage, car ils pourraient sentir le pouls du diocèse. La grande majorité du Conseil est composée des membres élus, mais il y a aussi l’un ou l’autre coopté (par exemple, un prêtre de l’Emmanuel). L’élection, qui a abouti à la mise en place du présent Conseil, a connu quelques avatars, mais ils ont été neutralisés par la suite. La représentation territoriale est privilégiée au détriment des autres types de ministères (mouvements, pastorales spécialisées, etc.). Comme il s’agit d’une assemblée de prêtres, aucune femme n’est évidemment présente (sauf pour nous servir au cours du repas !). De ce fait, l’assemblée est aussi « tronquée » que l’est un conseil d’administration de n’importe quelle société profane. Je dois cependant dire qu’une dame (dont nous n’avons pas su si elle était mère de famille ou célibataire) a accompagné le vicaire épiscopal Rochette pour parler de la catéchèse. Comme il se doit, elle s’est dite impressionnée d’être au milieu de tant d’hommes.

 

Je ne sais pas si c’est un détail, mais plusieurs des jeunes membres du Conseil s’affichent en col romain. Que les deux évêques portent le col romain, je le comprends. Ils estiment sans doute à juste titre que c’est une concession mineure, étant donné que, lors de leur nomination, ils reçoivent de Rome l’injonction de ne pas être trop familiers (pas de tutoiement etc.). Pour les jeunes prêtres, je crois malheureusement que ce n’est pas une concession, mais qu’ils prennent plaisir à affirmer leur identité cléricale. C’est dommage, car cela les sépare de leurs contemporains.   

 

Lors de sa première réunion, le Conseil a élu un Bureau qui veille à la bonne organisation des assemblées. Le Conseil se réunit trois fois par an, ce qui est finalement assez peu en raison de la relative brièveté des rencontres. Les sujets traités ont couvert jusqu’ici plusieurs domaines.

 

La discussion concernant le futur synode romain sur la vie de famille avait été formellement demandée par le Conseil lors de sa première réunion. Ce fut un moment très important de la deuxième réunion. Dominique Jacquemin, membre du Conseil et spécialiste des questions bioéthiques, a très bien introduit le sujet. La discussion a abouti à une synthèse intéressante et présentée comme unanime. J’ai cependant entendu le murmure d’un membre qui n’était pas du même avis que la majorité. C’est dommage que cela n’apparaisse nulle part, car toute minorité doit être entendue. Je me souviens de la phrase de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que votre avis soit entendu. » Une motion de soutien à l’aggiornamento voulu par le pape François a été votée à l’unanimité par le Conseil, mais il n’en a été fait mention que discrètement dans le rapport interne du Conseil. Il est dommage que cette prise de position n’ait pas été rendue publique. On dirait que les instances du Conseil ont peur d’entrer publiquement dans les débats et finalement ont peur du « politique ».

 

Le thème du « Vade mecum des doyens » a occupé un certain temps de la dernière réunion du Conseil. Je n’ai pas bien compris les enjeux ni deviné les non-dits, mais cela concerne sans doute l’exercice du pouvoir sur le terrain pastoral. Que faire, par exemple, quand un curé s’affirme « pape dans sa paroisse » ?          

 

Un moment a été consacré à la « diaconie ». Ce mot désigne toutes les formes de services, qu’elles soient pratiquées à partir de l’Église ou en collaboration avec des institutions ou des personnes présentes dans la société. Le comité de pilotage de l’Année de la diaconie souhaite encourager tout ce qui se fait en termes de service et pas seulement à des activités internes à l’Église. 

 

Le Conseil s’est aussi intéressé à la « solidarité presbytérale ». Quoi de plus normal pour une assemblée de prêtres ? Au point de départ, il s’agissait d’une solidarité pécuniaire à l’égard des confrères œuvrant à l’étranger (prêtres Fidei donum) ou ici en difficulté concrète de vie. Une commission a été créée à ce sujet. Pour ma part, je pense que la question de la solidarité dépasse largement l’aspect pécuniaire. J’ai le sentiment que dans le monde des prêtres, on trouve à la fois beaucoup de générosité et de souffrance. Les changements de société sont tellement importants et rapides que beaucoup de prêtres ont du mal à suivre. Certains sont débordés. À ce propos, un vieux routier de la pastorale a fait remarquer que dans l’agenda, il faut élaguer en fonction des priorités ; encore faut-il être au clair sur les priorités pastorales. De plus, les traumatismes engendrés par l’épiscopat précédent sont loin d’être cicatrisés.

 

Un moment important de la dernière réunion a été consacré à la catéchèse. Le vicaire épiscopal Rochette, accompagné d’une dame, a présenté les orientations actuelles décidées par les spécialistes. C’était vraiment une démarche du haut vers le bas. Plusieurs membres du Conseil se sont souvenus du vieil adage selon lequel pour apprendre le latin à John, il faut connaître John. Ne donne-t-on pas des réponses à des questions que les destinataires ne se posent pas ? Pourtant, chez nos contemporains, des questions de sens ne surgissent-elles pas un jour ou l’autre? Dans le domaine de la catéchèse comme dans tous les autres, l’absence de travaux de sociologie se révèle cruellement dans le diocèse.

 

Depuis la mise en place du Conseil actuel, les « tribunes libres » n’existent plus. Elles auraient, dit-on, donné lieu à des règlements de compte entre personnes.

 

L’ordre du jour du Conseil comporte deux temps de prière sous la forme de deux moments de l’Office des heures (bréviaire). À leur place, ne pourrait-on imaginer un temps de méditation partagée sur un texte d’Évangile ?

 

Dernière réflexion : je ne comprends pas qu’aucune information concernant les travaux du Conseil ne soit donnée à l’extérieur de celui-ci ? Le Conseil ne se réunit tout de même pas derrière l’iconostase ! Quand il s’agit de questions de personnes, la discrétion est de mise, mais est-ce le cas pour ce qui concerne la vie de l’Église ?

Maurice Cheza

 

 

 

Comme le vin nouveau, un nouveau  Conseil Presbytéral s’est mis en route en octobre 2014 après un intermède de plus d’un an. Il se réunit, une journée, trois fois par an.

 

Les élections se sont déroulées début 2014. Quelques changements ont émaillé cet événement. Chaque électeur pouvait voter pour deux candidats dans chaque région pastorale (doyennés principaux)  ensuite pour deux doyens et aussi deux prêtres pensionnés. Tous les prêtres du diocèse sont candidats mais quelques-uns sont oubliés (ne sont pas sur les listes), ce qui aurait pu invalider les élections. Par rapport aux élections antérieures, les prêtres engagés dans les mouvements de jeunes, d’adultes, les pastorales spécialisées comme enseignement, hôpitaux,  maisons de repos, migrants, prisons… ne sont plus représentées comme tels. Dans les statuts du  conseil, la tribune libre a été supprimée sans aucune explication !

 

A la première rencontre du conseil le 22 octobre, il fut rappelé les objectifs du Conseil et se déroula l’élection du bureau et du modérateur. L’après-midi fut consacrée à la présentation de l’année de la  diaconie.

 

Le 25 février, la deuxième rencontre fut centrée sur la présentation d’un document du Synode sur la famille  par Dominique Jacquemin. Il s’en suivit un travail en 5 ateliers qui travaillèrent  cinq questions différentes. «  Un texte de synthèse reprendra les réflexions de chaque groupe qui sera soumis au bureau pour approbation. Monseigneur Van Cottem le fera parvenir à la  Conférence Episcopale comme étant la collaboration du Conseil Presbytéral de Namur à cette réflexion » (citation du rapport du Conseil).

 

Vous le  voyez, tout est  bien cadré. Il y a une volonté d’éviter tout conflit. Les ordres du jour demandent peu d’intervention personnelle des membres du Conseil si ce n’est des questions de compréhension ou d’éclaircissement.

Il suffit pour cela de voir l’ordre du jour du Conseil du  17 mai ou un topo sur l’année de la diaconie, la Solidarité Presbytérale et Fidei Donum, Vade-mecum des  doyens et enfin la catéchèse avec un travail en sous-groupe de 40 minutes.

Jean Marchand

13 juillet 2015

Social Lutte, solidarité, travail…

Social

 

Lutte, solidarité, travail…

 

 

Connaissez-vous cette ASBL et sa coopérative, cousines d’ATD Quart-Monde, qui permettent à des jeunes, à la recherche d’un boulot, de travailler dans la construction ?

 

Leur journal « La Main dans la Main » dit bien l’encadrement de bénévoles de tout poil qui les soutient.

 

Récemment, certains ont participé à un Forum de la transition solidaire. Un des rédacteurs a lancé un « APPEL A LA RESISTANCE » que nous vous donnons à méditer.

 

« L’actualité politique récente, ainsi que plus ancienne, montre un acharnement évident du gouvernement par rapport aux chômeurs. Ils sont responsables de leur propre situation. Ce sont tous des tricheurs potentiels.

 

Il faut donc non seulement les contrôler mais aussi les réprimer, les punir, les sanctionner. D’ici à ce qu’on considère le chômage de longue durée comme une maladie mentale, il n’y a qu’un pas à franchir. Nous n’en sommes pas loin.

 

Dans l’individualisme ambiant, nous sommes passés d’une société solidaire à une société qui considère les travailleurs sans emploi comme des êtres inutiles, comme un poids, une charge.

 

Cela évite de se questionner sur le sens d’une société. Et si l’on regardait la création d’emplois ? Si l’on se questionnait sur la production de pauvreté et la souffrance que ces mesures entraînent ?

 

Triste constat donc et réalité profondément injuste : d’un côté une logique d’accaparement où quelques-uns ont une vision de l’avenir en devenant immensément riche, et son pendant : une société qui n’est plus capable de se projeter dans un avenir où chacun a une place digne, humaine et décente.

 

Rassemblons-nous et résistons !

Lardinois Fabien »

 

13 juillet 2015

Billet d’humeur Cinq millimètres sur sept Cinq

Billet d’humeur

 

 

Cinq millimètres sur sept

 

Cinq millimètres sur sept : voilà donc le format de la relique de Jean-Paul II que possède le sanctuaire de Beauraing depuis le mois de mai 2015. Il s’agit d’un morceau du vêtement que portait le pape lors de la tentative d’assassinat sur la place Saint-Pierre à Rome le 13 mai 1981. Ce vêtement imbibé du sang de Jean-Paul II, conservé soigneusement par les religieuses qui lui avaient porté secours à l’époque, est devenu une relique de première catégorie, divisé en de multiples morceaux distribués aux évêques qui en ont fait la demande. Mgr Vancottem pensait d’abord déposer cette relique dans la cathédrale de Namur, mais a finalement décidé d’en faire cadeau aux sanctuaires de Beauraing, où Jean-Paul II s’était arrêté en 1985.

 

En lisant l’information dans L’Avenir du 2 mai, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un facsimile d’une édition très ancienne du journal, comme on a pris l’habitude d’en découvrir régulièrement avec les commémorations de la guerre 14-18. Mais non ! Le graphisme est bien d’aujourd’hui, les photos couleurs ne laissent aucun doute et, de plus, les événements évoqués sont bien ceux de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième.

 

Que vient faire cette vénération de reliques dans un christianisme du vingt-et-unième siècle ? La propension à canoniser Jean-Paul II très rapidement me paraissait déjà curieuse et suspecte, mais en faire des reliques ! Que l’on marque du respect pour celles du passé, parce qu’elles ont été porteuses de sens à une autre époque et qu’elles ont suscité des œuvres d’art parfois remarquables, soit. Mais on sait les dérives que cela a provoqué. Quelque chose me dépasse. Il semble clair, en tout cas, que le temps n’est pas encore venu où l’on « adorera en esprit et en vérité… »

José Gérard

13 juillet 2015

La vérité contre les opinions Pour s’imposer, la

La vérité contre les opinions

 

Pour s’imposer, la religion catholique a détruit pendant des siècles les lieux de culte et les écrits des religions ou philosophies différentes. Elle a aussi menace de nombreux maux ceux qui s’écartaient de sa pensée. Michel Habran rappelle quelques faits historiques.

 

 

C'est surtout à partir des révolutions américaine et française que s'est développé, dans les pays occidentaux, le concept de liberté formelle (Droits de l'homme) et singulièrement celui de liberté d'expression mais aussi de liberté religieuse... avec tous les aléas que ces droits individuels ont "emportés" avec eux : la liberté d'expression et de penser ayant encore beaucoup d'adversaires.

Il n'est pas sûr que l'on puisse vraiment tout dire ou écrire et notamment en ce qui concerne les stigmatisations liées à la race, au sexe ou encore les considérations sur les génocides historiques, l'incitation à la haine, l'insulte et le dénigrement de personnes ou de personnalités par le biais de la presse ou des médias sociaux. Il n'était pas sûr non plus que devant l'hégémonie de l'Eglise catholique, le non-choix libre d'une foi ou d'une religion ou la liberté de s'en priver ou d'en critiquer la doctrine aient pu aller de soi, jadis, sans devoir encourir les feux de l'enfer !

 

Depuis la fin du dix-huitième siècle, l'Eglise ne s'est jamais vraiment acclimatée à la perte de son rôle de diffuseur idéologique, ni aux attaques et incriminations à l'égard de sa doctrine et encore moins à la mise en cause de sa "Vérité" confrontée à la "modernité libérale".

En 1832, Grégoire XIII dans son encyclique MIRARI VOS s'insurge  avec véhémence, entre autres choses, contre l'idée qui circule que le salut éternel est à la disposition de chacun pourvu qu'on ait des mœurs droites et humbles. Il fustige avec autant d'ardeur et de fougue "la liberté la plus funeste, la liberté exécrable, pour laquelle on n'aura jamais assez d'horreur et que certains osent avec tant de bruit et tant d'instance demander et étendre partout, nous voulons dire la liberté de la presse et de l'édition. Nous frémissons, vénérables frères, en considérant de quels monstres de doctrines ou plutôt de quels prodigues d'erreurs nous sommes accablés"[i]

 

Mais l'exemple le plus célèbre reste, à cet égard, le SYLLABUS publié en 1864 par le pape Pie IX. La quatre-vingtième et dernière proposition de cet opuscule cible précisément tous ceux qui souhaitaient "que le pape se réconcilie avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne :"Quiconque pense cela et le reprend à son compte, écrivait le pape, est "anathème": il n'a plus rien à faire dans l'Eglise catholique et, s'il n'en fait pas partie, il doit savoir qu'elle le voue au diable".[ii]

 

Toutefois, de nos jours, les considérations peu amènes, les arguments critiques, les avis franchement négatifs, les commentaires acerbes sur le fonctionnement de l'Eglise (catholique), sur le comportement de ses cadres et sur ses doctrines, dogmes ou la morale qu'elle présuppose pour étayer la foi peuvent faire l'objet de publications et de diffusion sans que l'auteur ne risque, de la part de l'institution, la traduction devant les tribunaux, l'emprisonnement ou la mort comme lors d'un passé lointain. Quoique...!

La vindicte intégriste populiste guette cependant le contestataire critique si celui-ci assure une fonction ecclésiastique.[iii] Par ailleurs, ses chances de passer au travers du filet du "Quality Control" romain restent fort minces.

 

Au début de l'ère chrétienne vers le Ve siècle, les empereurs considéraient qu'ils avaient sans conteste voix au chapitre, et même très souvent de manière décisive dans les affaires de l'Eglise. Les deux pouvoirs, ecclésiastique et impérial, (...) travaillaient ensemble, le premier sous les ordres du second, ou vice versa, mais toujours en accord sur le point essentiel, débarrasser le monde des mécréants.[iv]

Pour empêcher les "païens" de persévérer dans leur erreur par manque de prévoyance ou de bonne foi, le meilleur moyen qu'a trouvé le pouvoir christiano-impérial a été de fermer tous les sanctuaires où des célébrations infâmes étaient organisées.

Mais c'est sous le règne de Théodose II que les destructions et atteintes les plus sévères au patrimoine se perpétrèrent sans demi-mesure[v]: "Nous ordonnons que tous leurs sanctuaires, leurs temples et leurs lieux sacrés, s'il en reste aujourd'hui encore qui soient intacts, soient détruits sur l'ordre des magistrats et purifiés en y plaçant le signe de la vénérable religion chrétienne. Que tous sachent que, s'il était établi devant un juge compétent et par des preuves appropriées que quelqu'un bafouait cette loi, il serait puni de mort".[vi]

Pour plaire à Augustin (Saint-Augustin !), un procurateur impérial et tribun militaire envoya ses hommes détruire le gigantesque temple de Caelestis[vii]  afin d'extirper complètement tout culte différent du chrétien.

Vers la fin du VIIe siècle, en 681, lors du concile de Tolède, les évêques participants demanderont aux autorités civiles de faire arrêter et décapiter toute personne coupable de pratiques non chrétiennes quelle qu'en soit la nature.[viii]

 

En ce qui concerne les écrits non-chrétiens, ceux-ci subirent le même sort, détruits au milieu de grand feux de joie allumés au centre des villes et on dissuada les copistes (les livres etl'imprimerie, c'était pour bien plus tard) de les remplacer en menaçant de leur couper les mains[ix].

Par contre, les auteurs chrétiens jouissaient de privilèges qui favorisaient la diffusion de leurs écrits et leur meilleure prise en compte: ils étaient, en effet, de par l'ostracisme déclaré sur les écrits païens, diffusés bien plus largement. Un évêque de Syrie, par exemple, pouvait disposer jusqu'à soixante-dix secrétaires pour la publication de ses centaines de sermons.[x]

 

On constate qu'après Constantin et les derniers empereurs romains, jusqu'à la Renaissance, "rien d'autre ne compta que la nouvelle religion triomphante" [xi]

Fondateur de cette religion nouvelle, Paul de Tarse qui se qualifie lui-même " d'élu de Dieu dès le sein de sa mère "(Galates 1.15) jette aussi l'anathème sur quiconque réfléchit et pense par lui-même: "si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu (de moi...) qu'il soit maudit"(Galates1.19)[xii]

 

Et c'est la fin de toute pensée: il n'y a plus que la foi, l'Eglise....et les injonctions des conciles.

 

Pourtant au moins sept siècles auparavant, l'humanité avait commencé à réfléchir, imaginer, juger, raisonner et philosopher.

Quelle avancée par rapport à une conception habituellement superstitieuse, surnaturelle et magique du monde !

 

Les Grecs, depuis Homère, en passant par Héraclite, Pythagore, Protagoras, Socrate, Platon, Aristote, Aristophane, Anaxagore, avaient entamé l'émancipation rationnelle des citoyens. D'autres encore réfléchissaient au sens à donner à la vie : les Stoïciens, les Epicuriens, les Cyniques, les Hédonistes, les Sceptiques...

 

La destruction de la bibliothèque d'Alexandrie, où étaient rassemblées les copies de tout ce qui avait été écrit en grec, est probablement due - et c'est une des hypothèses -  aux conflits de primauté politique et religieuse entre paganisme et christianisme.

Il ne nous en reste que quelques bouts de phrases citées par les Pères de l'Eglise pour condamner les absurdités "païennes." Le monothéisme triomphant a laminé la culture grecque. Il n'a retenu que Platon, Aristote et les stoïciens parce que dans quelques passages lus d'une certaine façon, ils semblent annoncer la Vérité du Dieu Unique. Le libre exercice de la pensée a été stérilisé pour un millénaire et demi".[xiii]

 

En Extrême-Orient aussi, des penseurs développèrent, aux mêmes époques, des idées pour amener les hommes à la liberté et au bonheur: confucianisme, taoïsme, bouddhisme, etc.

 

Jusqu'à la fin du Moyen-Age, les victimes qui périrent au nom de leurs convictions religieuses ou de leurs idées qualifiées d'hérétiques, ne sont pas dénombrables. Ils étaient coupables soit d'interprétation "erronée" d'un message doctrinal chrétien complexe, soit d'adhérer à une autre forme de religion ou de faire confiance, encore, aux dieux du Panthéon.

 

Et c'est ainsi que toutes les philosophies, qui depuis des siècles étaient en train de s'épanouir, vont être censurées, interdites, persécutées; les écoles et académies sont fermées, les bibliothèques nettoyées et des centaines d'œuvres détruites à jamais. C'est la régression vers le religieux. Le retour à l'archaïque conception magico-surnaturelle de l'univers. (...)

Heureusement, (...) la philosophie est ressuscitée et Dieu, ça se discute. Philosophiquement.[xiv]

 

Après ce petit détour et florilège de rappels historiques en quelques paragraphes un peu chaotiques, j'en conviens, je propose aux amis de SONALUX la lecture de deux petits ouvrages parus récemment sous la plume (d'oie) aiguisée de deux anciens professeurs d'université, l'un à l'UCL, l'autre à Bochum en Allemagne, et d'un âge de sagesse - respectivement 80 et 85 ans - et qui publient, chacun, un essai pour faire le point argumenté sur leurs doutes et leurs convictions religieuses délitées.

 

Paul LÖWENTHAL, Quand douter libère, Academia-L'Harmattan, Louvain-la Neuve, 2015.

Après avoir explicité ses doutes (Dieu, Jésus-Dieu, Esprit-Saint personne troisième, l'Eglise, Ecritures inspirées, etc...), Paul Löwenthal expose les quatre enjeux qui, selon lui, sont cruciaux: l'interprétation du message, une sagesse de vie, les diversités de la foi, des fois, et l'homme dans son humanité.

 

Kurt FLASCH, Pourquoi je ne suis pas (plus) chrétien, Les Belles Lettres, Paris 2014.

Kurt Flasch ne se préoccupe pas de la situation et des attitudes des Eglises et des clercs pour expliquer pourquoi il n'est plus chrétien. Il démontre et justifie son abandon de la foi à cause de la prétention des Eglises (chrétiennes) à détenir la vérité. Il ne partage plus la doctrine d'une Eglise et dit adieu de manière sereine et raisonnée à la religion.

 

La lecture de ces deux ouvrages vaudra aux abonnées SONALUX 600 jours d'indulgence et s'ils y ajoutent la lecture de deux autres bouquins, l'indulgence sera quadruplée.

 

Yvon QUINIOU, Critique de la religion. Une imposture morale, intellectuelle et politique. La ville brûle, Paris 2014.

Yvon Quiniou entreprend une critique radicale de la religion et dénonce les illusions qu'elle se fait sur elle-même. Les hommes font la religion, c'est donc à eux d'inventer leurs convictions métaphysiques et les règles d'une vie collective apaisée à partir de leur seule raison commune (4e de couverture.)

 

Jean-Paul GOUTEUX, La foi: une histoire culturelle du mal. En danger de croire, L'Harmattan 1998

Jean-Paul Gouteux convient "qu'apprendre à penser est d'abord apprendre à éviter de se faire piéger par une doctrine, c'est se donner des armes contre le dogmatisme. Une telle démarche (l'apprentissage du doute) ne fait toujours pas partie des programmes scolaires" (p.135).

 

 

Michel HABRAN



[i] Jean-Louis SCHLEGEL, La loi de Dieu contre la liberté des hommes, SEUIL 2003, p 17

 

[ii] Ibidem, p 18,

[iii] Joseph Moingt sj qui considère que l'un des handicaps majeurs de l'Eglise est la bipolarisation clercs-laïcs fait souvent l'objet de critiques virulentes de la part de milieux ecclésiastiques fondamentalistes conservateurs. Faire bouger l'Eglise. DDB 2012

[iv] Ramsey MAC MULLEN, Christianisme et paganisme, Perrin-Tempus, 2011, p53

[v] Toute ressemblance avec des événements semblables survenant en ce début (2015) du XXI siècle ne serait nullement fortuite.

[vi] Jean SOLER,  La violence monothéiste, Editions de Fallois, Paris 2008, p.323

[vii] Ramsey MAC MULLEN, op.cit. p.46. Caelestis  déesse  phénicienne de la fertilité. Temple près de Tunis

[viii] Ramsey MAC MULLEN, op.cit. p.33

[ix] Ramsey MAC MULLEN, op.cit.p.16

[x] Ramsey MAC MULLEN, op.cit. p.17

[xi] Ramsey MAC MULLEN, op.cit. p12

[xii] Et des évangiles différents il y en eut : des choix d'interprétations différentes des textes canoniques et de la doctrine, rapidement désignés "hérésies" et dont Raoul VANEIGEM en a composé un catalogue explicatif dans "La résistance au christianisme. Les hérésies des origines au XVIIIe siècle" chez Fayard, 1993.

[xiii] Jean SOLER, op. cit. p.153

[xiv] Lambert SCHLECHTER in LE JEUDI du 12/04/2012  p19.

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13 juillet 2015

Humour La nonne et la CGT Si tout le monde avait

Humour

 

La nonne et la CGT

 

Si tout le monde avait leur humour… Voici deux lettres, toutes deux authentiques (novembre 2004). L’une a été écrite par Sœur M., moniale visitandine à Nantes. L’autre, la réponse, est signée par Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

 

 

 

Lettre adressée par Sœur M. à la CGT

 

Madame, Monsieur,

 

Religieuse cloîtrée au monastère de la Visitation de Nantes, je suis sortie, cependant, le 19 juin, pour un examen médical. Vous organisiez une manifestation. Je tiens à vous féliciter pour l’esprit bon enfant qui y régnait. D’autant qu’un jeune membre de votre syndicat m’y a fait participer ! En effet, à mon insu, il a collé par derrière, sur mon voile, l’autocollant CGT après m’avoir fait signe par une légère tape dans le dos pour m’indiquer le chemin. C’est donc en faisant de la publicité pour votre manifestation que j’ai effectué mon trajet.

La plaisanterie ne me fut révélée qu’à mon retour au monastère. En communauté, le soir, nous avons ri de bon cœur pour cette anecdote inédite dans les annales de la Visitation de Nantes.

Je me suis permis de retraduire les initiales de votre syndicat (CGT : Christ, Gloire à Toi). Que voulez-vous, on ne se refait pas. Merci encore pour la joie partagée. Je prie pour vous.

Au revoir, peut-être, à l’occasion d’une autre manifestation.

Sœur M.

 

 

 

 

Réponse du secrétaire général de la CGT

 

Ma sœur,

 

Je suis persuadé que notre jeune camarade, celui qui vous a indiqué le chemin, avait lu dans vos yeux l’humanité pure et joyeuse que nous avons retrouvée dans chacune des lignes de votre lettre.

Sans nul doute il s’est agi d’un geste inspiré, avec la conviction que cette pointe d’humour « bon enfant » serait vécue comme l’expression d’une complicité éphémère et pourtant profonde.

Je vous pardonne volontiers votre interprétation originale du sigle de notre fédération, car nous ne pouvons avoir que de la considération pour un charpentier qui a révolutionné le monde.

Avec tous mes sentiments fraternels et chaleureux.

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT

 

 

 

13 juillet 2015

Spiritualité Le plus-que-vivant Francine

Spiritualité

 

 

Le plus-que-vivant

 

 

Francine Carrillo, théologienne, a publié « Vers l’inépuisable » en 2003 chez Labor et Fides. Elle signe aussi une chronique de spiritualité dans la revue française « Panorama ».

 

Dans un petit ouvrage « Le plus-que-vivant », paru en 2009, elle propose 65 médiations inspirées du Nouveau Terstament. En partant de textes tirés des Evangiles, Francine Caérrillo présente des réflexions, des méditations de deux pages, chacune offrant aux lecteurs et lectrices une véritable bouffée d’air frais. « Souffle le vent, souffle l’esprit de Jésus-Christ »,  comme chante la liturgie.

 

Pour introduire la première des quatre parties du livre, appelée « La question », on trouve une citation d’Angelus Silesius, poète mystique allemand du seizième siècle : « Christ serait mille fois né à Bethléem et non en toi. Tu serais perdu à tout jamais ». Bernard Feillet le rejoint à travers cette réflexion « La mystique et la compassion sont les douces sœurs terribles qui perturbent toutes les institutions. »

 

Et voici le commentaire de Francine Carrillo :

 

Et la question… arriva d’en haut

comme une aile d’ange fracturant la nuit
personne ne sut… d’où elle tombait

mais elle était… désormais posée

à même la terre… à même chaque visage

une question… de vie ou de mort

nue… insolente

de celles qui empêchent… toute somnolence

et rendent à jamais… pèlerin

la question… que seul

un dieu… pouvait poser

qu’est-ce qui en toi… n’est pas encore né ?

 

A consommer avec modération… comme dit souvent Julien Lepers dans l’émission « Questions pour un champion ».

 

René Dardenne

13 juillet 2015

Un peu d’Arménie à Jérusalem Les pèlerins qui se

Un peu d’Arménie à Jérusalem

 

 

Les pèlerins qui se rendent en Terre Sainte savent qu’un des quatre quartiers de la vieille ville de Jérusalem est habité par une communauté arménienne et cela depuis l’an 95 avant Jésus-Christ, bien avant Clovis. Elle se réclame des apôtres Thaddée et Barthélemy et vénère la tombe de Saint Jacques. Au début du quatrième siècle, elle reçoit la visite de l’impératrice Hélène : églises et monastères sont construits.

 

Après la victoire sur les Byzantins, le Calife Omar, en 638, accorde à l’église arménienne droits et privilèges garantissant son intégrité, sa sécurité et un premier patriarche y est nommé. Même sous la domination musulmane, la présence arménienne durera jusqu’aujourd’hui. Après 1915, le terrible génocide arménien dans l’empire ottoman, elle ne comptera plus que 1000 personnes mais se revigorera par l’arrivée d’environ 10.000 réfugiés, connaissant alors prospérité économique et culturelle.
Hélas, aujourd’hui face aux conflits entre Israéliens et Palestiniens, beaucoup d’Arméniens ont quitté le pays et ils ne sont plus actuellement qu’un millier de résidents.

 

La non-reconnaissance du génocide du peuple arménien perdure encore : ce qui le laisse dans un profond bannissement.

 

(Extrait de la revue « Message en Galilée »)

R.D.

 

 

13 juillet 2015

À lire Mes étoiles noires Lilian Thuram, Editions

À lire

Mes étoiles noires

Lilian Thuram, Editions Points (P 2626)

 

L’auteur, un ex-footballeur international, né en 1972 en Guadeloupe, champion d’Europe, champion du monde entre 1998 et 2006, sélectionné en équipe de France jusqu’en 2008, année durant laquelle il créa la Fondation Lilian Thuram – Education contre le racisme.

 

Le livre « Mes étoiles noires. De Lucy à Barack Obama », décrit son enfance, seul Noir dans sa classe. Il se souvient des cours parlant des Noirs à propos de l’esclavage. C’est ainsi que les Blancs désignaient les Noirs. S’ils avaient un Dieu, eux, il serait aussi un Noir… et eux les traitaient de racistes.

 

Si nous voulons changer la société, il faut d’abord changer notre regard, d’’où le titre de l’auteur du livre : il traverse toute l’Histoire. Avez-vous jamais vu des étoiles noires ? En jouant sur les couleurs, il nous invite à lire les pages centrales (269 à 278), détaillant le génie des découvreurs, scientifiques, inventeurs, chercheurs de tout poil de 1830 à aujourd’hui en passant par Martin Luther King, Aimé Cesaire, Léopold Senghor, Léon-G. Damas, Patrice Lumumba, Rosa Parks et plus de cinquante autres pour terminer avec Barack et Michelle Obama.

Pour chacun, chacune, de brèves monographies de 3 à 4 pages passionnantes, mettant en valeur ce que l’auteur résume en un mot : la négritude.

R.D.

13 juillet 2015

Un christianisme sans croix ? Session théologique

Un christianisme sans croix ?

Session théologique

À Louvain-la-Neuve, les 24 et 25 août 2015, de 9h00 à 16h30

 

Le programme

 

La Croix est-elle un simple moment, fâcheux mais transitoire, de l’itinéraire du Sauveur ? Ou bien est-elle au cœur de la bonne nouvelle, voire le critère dernier de l’identité chrétienne ?

Impossible d’entrer un peu profondément dans la foi chrétienne sans l’indispensable labeur de pensée qui s’imposer pour saisir en quoi nos existences seraient affectées par une exécution capitale advenue dans la province romaine de Judée autour de l’an 28 de notre ère.

 

Les atouts du programme

 

La session théologique a pour originalité de mettre en œuvre des ateliers de lecture : des textes relatifs à la théologie de la Croix seront étudiés. Quatre brefs exposés ainsi que des reprises en commun permettront d’articuler les découvertes. La démarche théologique proposée comporte une dimension œcuménique.

 

Le public

 

Professeurs de religion, participants aux programmes de formation continue en théologie, acteurs pastoraux, personnes disposant d’une formation de base en théologie et désireuses d’accéder à une meilleure intelligence de la foi.

 

 

Renseignements et inscriptions :

www.uclouvain.be/formation-continue-session-theologique

010/47.36.04

secretaire-teco@uclouvain.be

 

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