Une grande dame nous a quittés

Les funérailles de Marie-Jeanne Cheza ont été célébrées le 9 décembre 2013. Elle avait été active dans de nombreuses initiatives, que ce soit pour la formation des laïcs (Le Levain) ou pour la justice sociale. Pour en faire mémoire, voici de larges extraits de l’homélie prononcée par son frère Maurice Cheza à cette occasion.

Depuis toujours et dans toutes les cultures, la mort est vécue comme un moment très important. Le départ définitif d’un membre du groupe éveille une forte émotion. Inévitablement, chacun pense à sa propre mort. En Occident, la société est devenue post-chrétienne et il est certain que les conceptions au sujet de l’au-delà vont dans tous les sens. Toutes les options sont respectables et cette pluralité n’atténue aucunement le sens profond de notre rassemblement qui est de célébrer la mémoire de notre sœur Marie-Jeanne.

Nos sentiments sont mélangés : à la fois tristesse de la voir partir et joie d’évoquer celle qui fut discrètement une grande dame. Beaucoup d’entre nous sont mal à l’aise devant l’imaginaire traditionnel au sujet de la mort : ciel, paradis, vie continuée qui reprendrait presque comme avant, etc. La pensée contemporaine s’accorde mal avec ces représentations qui s’inspirent du monde que nous connaissons et qui - il faut le reconnaître - ont quelque chose d’enfantin.

La foi chrétienne n’est pas à confondre avec de la crédulité. En réalité, personne ne sait comment les choses se passent après la mort et il faut être très prudent quand on cherche à se représenter cette situation. Pour ma part, je veux mettre mes pas dans ceux de Jésus de Nazareth et j’ai foi qu’au terme de ma vie, je serai accueilli avec tendresse par la bonté de Dieu.

Pour un monde plus juste et fraternel

En toute hypothèse, ce que nous faisons ici, c’est nous réjouir de tout ce que Marie-Jeanne a été et nous demander comment prendre le relais de ses engagements.

Marie-Jeanne : sa longue vie a connu des moments difficiles, en particulier dans l’accompagnement des dernières années de nos parents. Mais, depuis déjà de nombreuses années, elle avait trouvé ses marques. En toute discrétion, mais avec détermination, elle s'est battue pour un monde plus juste, plus sobre et plus fraternel.

Ses engagements étaient nombreux. À des degrés divers, elle a participé ou soutenu : Shalom-la-Moisson, Miroir vagabond, Magasin du Monde-OXFAM, Chiffonnière, Levain, CEFOC, alphabétisation, accueil des réfugiés et des immigrés, Entraide et Fraternité, Vivre ensemble … et il est possible que j’en oublie. Il est rare que quelqu’un de cette génération ait une analyse aussi poussée de la situation sociale.

En outre, elle portait une très grande attention à chaque personne. Pendant sa maladie, tous ses visiteurs ont été frappés par l’intérêt réel qu’elle portait à chacun d’eux. Inversement, elle souffrait souvent de constater que tout le monde n’était pas aussi attentif aux autres qu’elle ne l’était elle-même.

Le bon Samaritain

Il est temps maintenant de réfléchir au texte de l’Évangile choisi pour la célébration, connu sous le nom de parabole du bon Samaritain. Encore une fois, il n’est pas nécessaire de partager la foi chrétienne pour apprécier ce récit de sagesse et en tirer tout le suc.

L’histoire se situe dans un contexte conflictuel : un certain nombre des leaders de la religion juive s’opposent à l’interprétation que Jésus donne de la tradition des anciens. Le docteur de la loi est présenté comme cherchant à « éprouver » Jésus.

Le centre de l’histoire parle ensuite de trois acteurs : deux qui ne se préoccupent pas du blessé et ce sont justement des professionnels de la religion juive ; par contre, celui qui prend le blessé en charge, c’est un Samaritain, c’est-à-dire non seulement un étranger, mais un ennemi du peuple juif de l’époque.

Le docteur de la loi pose à Jésus une question théorique : le prochain, c’est qui ?

Jésus inverse la question et répond : Fais-toi le prochain. À une question théorique, Jésus répond par une invitation à l’action. « Va et toi aussi, fais de même ». Les questions théoriques s’effacent derrière une invitation à l’action envers ceux qui souffrent.

L’eucharistie est à la fois une action de grâces pour la vie de Marie-Jeanne et la mémoire de la vie et de la mort de Jésus, qui a lui aussi été accueilli par Dieu son Père et notre père. Célébrer Jésus, c’est aussi célébrer les options qui l’ont conduit à la mort : priorité aux pauvres, aux marginalisés, aux souffrants.

Une grande dame nous a quittés Les funérailles de

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