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Sonalux
15 décembre 2014

Page d’histoire Morale sexuelle et magistère Les

Page d’histoire

 

Morale sexuelle et magistère

 

Les questions de morale sexuelle et familiale font débat depuis longtemps dans l’Eglise catholique. René Dardenne rappelle une page d’histoire où les évêques belges jouèrent un rôle important et où un spécialiste belge de ces questions, Pierre de Locht, fut un acteur engagé.

 

 

« Morale sexuelle et magistère », tel est le titre d’un livre de Pierre de Locht, paru aux éditions du Cerf en 1992. Théologien et moraliste, nommé en 1959 par son évêque, le cardinal Suenens, responsable du Centre national de pastorale familiale (C.N.P.F.), Pierre de Locht a publié ce livre pour retracer son parcours et son engagement au sein de ce qui deviendra en 1967 le CEFA (Centre d’éducation à la famille et à l’amour).

Que d’eau est passée sous les ponts pour qu’aujourd’hui le pape François institue un synode pour concilier doctrine et pastorale face à la sexualité.

 

Lors du Concile Vatican II (1962 – 1965), Jean XXIII  puis Paul VI avaient déjà été interpellés par les cardinaux et évêques sur les questions touchant à la sexualité. Après un premier débat en séance publique, entre le 27 et le 30 octobre 1964, le pape Paul VI s’était réservé les prises de décision.

 

On sait aujourd’hui que les échanges entre les pères conciliaires (à propos des divorcés remariés, sur l’accès à la communion eucharistique, l’accueil des homosexuels…) ont été parfois très houleux au point que  le Cardinal Suenens serait intervenu en disant « Je vous conjure, mes frères, évitons un nouveau procès de Galilée. Un seul suffit pour l’Eglise ».   

 

Revenons aux faits ! Le 25 juillet 1968, le pape Paul VI a publié l’encyclique Humanae Vitae.

Les médias se sont rués dessus en reflétant la consternation des chrétiens qui attendaient une ouverture de l’Eglise au sujet de la contraception. L’effet d’une bombe !

 

  • Pierre de Locht, sollicité par ces mêmes médias, s’est expliqué sur le déroulement du travail de la Commission romaine dont il faisait partie.
  • En lien avec le CEFA, il a posé au Cardinal Suenens la question de la coresponsabilité des laïcs invités à donner leur avis sur ces sujets qui les concernaient au premier chef.
  • Qu’allaient faire les évêques de Belgique ? De nombreux couples, en effet, vivaient de vrais drames de conscience mais également les confesseurs et les théologiens. Se taire ? Parler ?
  • Les évêques savaient que la Commission romaine était divisée :
    d’une part, le rapport remis au pape portait la signature de 15 cardinaux et évêques : neuf d’entre eux concluaient que le caractère immoral de la contraception n’était pas prouvé, trois autres s’abstenaient, les trois derniers refusaient toute modification au caractère intangible de la Loi de l’Eglise.

D’autre part , circulait un contre-rapport clandestin émanant de la minorité (en faisaient partie le Cardinal Ottaviani  et le Cardinal Woijtyla, futur pape Jean Paul II, absent lors de la remise de la signature du rapport au pape Paul VI).

 

Difficile d’y voir clair :

  • Les membres du groupe romain étaient tenus au secret.
  • Pierre de Locht a courageusement parlé mais il a appris plus tard de la bouche du cardinal Suenens que le pape lui avait demandé de le démettre de ses fonctions de responsable de la pastorale familiale. Ce à quoi ce dernier n’a pas adhéré mais le mal était fait.
  • Le 7 avril 1973, la Conférence épiscopale des évêques belges a publié une déclaration faisant appel à la conscience d’un chacun face au problème de la régulation des naissances et du choix des méthodes contraceptives. Pour la petite histoire Mgr Charue en visite quinquennale à Rome a raconté que Paul VI avait approuvé la teneur de la lettre des évêques et qu’il n’avait rien à leur reprocher. Mais cela n’a pas suffi pour apaiser les tensions entre les catholiques partagés entre membres fidèles à Rome et tous ceux et celles qui ont fait le choix, dans leurs couples, d’appliquer les moyens de contraception qui leur convenaient.

 

Dans un prochain numéro de Sonalux nous reviendrons sur un autre problème tout aussi crucial : celui de l’avortement. A suivre…

René Dardenne

 

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